Une rencontre

Fin 2007, nous étions des développeurs professionnels en poste dans des Sociétés de Service en Ingénierie Informatique (SSII) à Bordeaux. Nous nous sommes rencontrés pour discuter de nouvelles méthodes de développement et de gestion de projets informatiques. Les méthodes agiles étaient au cœur de nos discussions car elles valorisent la simplicité, l'humanité, la communication, l'excellence technique et le succès des projets. Ces débats, autour d'une bière dans un premier temps, nous ont amenés à penser qu'un projet concret serait le meilleur moyen d'expérimenter la validité de notre approche. Il ne nous manquait qu'un projet à réaliser. Une avocate au barreau de Bordeaux, Me CG, était alors à la recherche d'un logiciel pour gérer ses clients, ses dossiers, sa facturation... Nous sommes entrés en contact avec elle et le projet semblait correspondre aux attentes de tout le monde. Notre équipe, alors formée de cinq développeurs et de Me CG, s'est mise au travail.

Un nom

Il nous fallait un nom pour ce futur logiciel. Nous voulions évidemment quelque chose en rapport avec le monde des avocats et il était difficile de trouver une référence qui n'était pas déjà utilisée. Lors de nos recherches, nous avons trouvé Tiron qui est alors apparu comme une évidence pour tous : Marcus Tullius Tiro, appelé plus souvent Tiron, était un esclave puis affranchi de Cicéron. Il était son secrétaire et confident et a réalisé, dans l'ombre de son maître, un travail considérable. Créer un logiciel sur lequel l'avocat moderne pourrait se reposer correspondait à l'image que nous voulions transmettre.

Première version

Pendant les six mois qui ont suivi, nous avons travaillé à un rythme d'une soirée par semaine. Le métier d'avocat est complexe et était alors inconnu pour la plupart d'entre nous; Me CG a dû alors faire preuve de patience et de pédagogie, le partage de cette connaissance fonctionnelle étant une condition sine qua non pour que le logiciel corresponde à son besoin ( approche DDD). Au mois d'août 2008, la première version voyait le jour et était mise à disposition de Me CG qui pouvait commencer à travailler avec. L'adoption a été bonne, le logiciel répondait parfaitement au périmètre que nous nous étions défini pour cette première version. Le travail itératif et incrémental pouvait commencer.

Toujours mieux, petit à petit

Un des principes de la méthode agile que nous utilisons, Extreme Programming, est de livrer tôt et d'impliquer le client au maximum. Pour cela, nous créons un logiciel qui évolue par itération. Chaque itération est une phase courte de temps, de une à trois semaines, pendant laquelle nous développons des nouvelles fonctionnalités et améliorons l'existant. C'est l'aspect incrémental :
La Joconde en trois étapes
Nos itérations étaient malheureusement un peu longue en travaillant un soir par semaine. Nous avons donc doublé la fréquence de nos séances de travail et nous nous sommes aussi rencontrés tous les samedis matin. Ce type de décision nous a permis de nous améliorer dans nos méthodes de travail et l'expérimentation de l'agilité que nous vivions nous a tous extrêmement enrichie.

Des fonctionnalités sur mesure et bluffantes

Pendant plus d'un an, nous avons enrichi Tiron pour l'agrémenter de nouvelles fonctionnalités. Parmi elles, il y en a deux dont nous sommes particulièrement fiers :

Et les autres ?

Notre objectif initial n'était pas de développer un logiciel commercial. Cependant, quand nous avons constaté le succès de notre approche et la qualité du logiciel que nous avions produit, nous nous sommes dit que cela serait dommage de ne pas en faire profiter d'autres avocats. Deux d'entre nous ont décidé de quitter leur poste et travaillent aujourd'hui à temps plein sur le logiciel et l'assistance aux utilisateurs. Nous avons également choisi d'implémenter des fonctionnalités adaptées à une audience élargie, comme la gestion de compte, la possibilité de créer plusieurs cabinets, la mutualisation des modèles de document... Ce temps et l'investissement matériel que nous devons faire pour fournir un service de qualité ont cependant un coût que nous devons, malgré notre attachement aux logiciels libres, répercuter. Notre démarche est donc aujourd'hui d'apporter ce logiciel à tous les avocats qui le désirent. Son état n'est pas figé. Nous avons considéré qu'il était utilisable en l'état et avons donc, le 13 mars 2010, ouvert les portes. Bien entendu, nous continuons d'arrache-pied le développement de nouvelles fonctionnalités. Fidèles à notre méthode, nous nous engageons d'ailleurs à écouter et à travailler avec ceux qui proposeront des améliorations sur notre forum.